dimanche 23 novembre 2014

Souvenir, prisme hanté.

Elles, bourreaux maladroits.


2 887 200 minutes d'enfermement. 48 120 heures de torture. 2005 jours anéantis.


Nous soufflerions une quelconque cinquième bougie aujourd'hui, mais aucun soupir ne viendra jamais faire vaciller cette frêle flamme, étouffée avant même de naître des brasiers ardents de nos vies, désormais cendres. À une passion dévorante je me suis hasardé quand à dévorer ma patience tu t'es obstinée et notre destin fut celui de savoir qui du bourreau ou du martyr survivrait.

Il est de ces quêtes qui forment les êtres et de ces êtres qui guettent les monstres. Des monstres qui peuplent les cœurs et de ces cœurs corrompus. À des translucides spectres, ombres de leurs existences, elles s'immolent et se souillent de leur sang : Amer liquide à la douce couleur. À des chaînes trempées en pareil mélange tu fus attachée et dans un dédale souterrain ou nulle clairvoyante lumière ne filtre jamais, tu fus enfouie. Je me suis aventuré à tuer celui qui t'avait ravie à la chaleur du monde et j'ai erré dans ce labyrinthe à seule fin de te reconquérir. À affronter Hadès, ravisseur d'une Eurydice consentante, j'étais prêt. J'ai traqué des ombres et marché à la suite de pas fantômes, fouillé des coffres et pris des chemins décharnés. Mais au bout de mes douleurs et de mes discours, de mes palabres et de ta déraison, la vérité suinte de mes blessures béantes : Ce n'est plus dans la noirceur d'un cachot souterrain que ton âme demeure, prostrée, mais plutôt hypnotisée par la lumière aveugle d'un Lucifer déchu depuis longtemps, à qui ta passion soumise a sacrifié ta raison muette. 


Eurydice, mon aimée, fuis cet enfer où tu t'es scellée, ton absence a fait s'éteindre le seul soleil qui jamais ne s'est levé dans mon ciel. Ce fantôme que de ta passion doucereuse tu poursuis n'est plus depuis longtemps. Tout ce que ton esprit entrevois n'est plus qu'une lumière sépulcrale qui baigne le prisme de tes souvenirs. Déleste donc ce lieu où ton amour péris et à tout le reste, laisse toi doucement aller. Quitte cet ancien corps botté du marbre de la mort et meut seulement par une roideur mortelle qui de l'oubli s'est déjà fait une amante aimante, pour ce qui tremble sans équivoque près de toi.  De ces abysses profondes où ton passé m'a terrassé, survit encore mon amour insatiable.  



                                       Sur tes souvenirs passés, se découpe la lumière de notre avenir.                                


                       


                             . 

mardi 18 novembre 2014

Ersatz éphémères.

Elles, sempiternels renouveaux.  

Me feras-tu l'originalité de ne pas m'aimer ? Pourras-tu à l'instar de toutes les autres, me détester ? Mais oui, c'est cela, fige ton visage dans cette moue de dégoût qui m'affole. Oh, ces yeux, ces yeux aux pupilles rétractées, animales. T'apprêterais-tu à me tuer ? Non, même pas, je n'en vaux même pas la peine. Aucunement. 


Méprise-moi, haïs-moi. Ne pose ce regard sur moi que tant que cela est nécessaire. Ne me cherche pas, n'aies de pensées pour moi que tant qu'elles m'oblitèrent. 


" Te voir mourir serait un bonheur ". Aïe ! Au coeur, qu'est-ce ? Je ne sais !  Un emballement ? Ah, et là, qu'est-ce donc que cela ? Des petits papillons naissants, rampants, grandissants, dansants, virevoltants, mourants, tombant enfin, inertes. 


Serait-ce donc cela ce sentiment de joie qui t'inonde quand on est baigné de mépris. Est-ce donc cela qu'être sous la férule des feux de l'indifférence ? Oui, éblouis moi encore de cette froide indifférence , aveugle moi de cette haine que ton cœur déverse. Affuble-moi de cette laideur dont je suis ton model unique. Ne couche ta haine qu'à l'aurore de la folie. Et même à cela permets-toi quelques heures  de plus car la folie à cela d'attrayant qu'elle supprime tout autre barrière, laissant à l'esprit la plaine profondeur de ses passions, temps infini, carquois aux actions les plus radicales. 



Ma joie n'a donc plus de bornes, goulue noirceur, avide des ombres du monde. Aucune lumière ne vient déranger ces heures de bonheur sombre.


Qu'est-ce donc que cela ? Mes yeux m'auraient-ils trompé ? Un instant, j'ai cru voir.. Non, mon imagination. Aucun intérêt n'aurait pu se glisser dans cette langoureuse froideur que tu me porte. Hun, quoi ? Encore ! J'en suis convaincu maintenant, j'ai l'ai vu, senti ! 

                                                                                      Tu ne me détestes plus.                                                              

Malgré les discours que tu ne cesse de me répéter désespérément, j'ai percé à jour ce.. cet. Argh, j'en rage ! 


                                                          Cet amour que tu me portes, rouge sang. 

                                       . 

Laide horreur, où sont donc passé ces noirs yeux que tu me faisais, devenus doux maintenant ? Et ces adorables petites moues de mépris qui t'auréolaient comme autant d'oraisons funèbres ?  Auraient-elles succombé à un quelconque faible à mon endroit ? 


" Je crois que.. je t'aime. " Aïe ! au coeur, quel pincement bizarre ! Confession, festin d'amour dont je suis la cible ! Et dans cette étreinte amoureuse où tes sentiments me broient, mon âme échappe à ce premier baiser de plomb. 





                                                       Sublime-moi dans l'étroitesse de ton indifférence. 

               
             

mercredi 12 novembre 2014

Côté coeur, côté jasmin.

Elles, Pièces Uniques,


Rôle d'une vie que celui joué à tes côtés. Allons, laisse toi aller à cette pièce qui te veut actrice douée et moi, Dom Juan presque, Roméo certain. Entrons côté coeur et jouons.

Pour commencer, nous deux, seuls, transis, de froid bien entendu, l'amour suivra. Mais plus tard. Pour l'instant nous sommes dehors, transis de froid donc, les souffles incertains, usines à nuages éphémères.

Le décor. Un arrêt de bus. Vu et revu. Un café alors ? Pourquoi grelotterions-nous donc si nous sommes dans un café ? Un café sans chauffage peut être ? Non, même avec cela, c'est cliché. Très
bien, alors un champ de bataille, en hiver, en Russie, par -30. Da, ça me convient.

" Excusez-moi dirais-je, mes dents se fracassant l'une l'autre, c'est de quel côté le désert de Gobi ? " Tu me regarderais et lèverais  les yeux côté droit, fouillant ton cerveau à la recherche d'une réponse.  " Après le troisième étendard, à gauche il me semble. " laisserait filtrer suavement ta bouche, " vous ne devriez pas le rater. " Je m'émerveillerais de ta connaissance géographique, moins de tes yeux ni tout à fait bleus, ni tout à fait verts, se cherchant encore. Mes yeux fixeraient les tiens et ma bouche laisserait échapper, ayant berné ma vigilance, au bonheur des spectateurs absents : " Auriez-vous le temps de partager une fondue avec moi ? J'habite à quelques stations de métro d'ici. " Tu me regarderais avec de gros yeux larmoyants de froid, bleus cette fois et me répondrais : " C'est exactement ce à quoi je pensais. En même temps, depuis le temps que je suis à Paris, je n'ai pas encore mangé, une spécialité typique pensez-vous! " Nous prendrions le bus et ensuite le train pour Lyon, puisque le métro serait malheureusement en panne. Nous mangerions ensemble, ne s'arrêtant de parler que pour porter à nos bouches cette délicieuse soupe que tu m'aurais faite.

À l'acte suivant, nous nous tiendrions par la main. Tu serais ensevelie, prisonnière de mes yeux quand je serais noyé au fond des tiens. Entrerait alors par une porte dérobée Amare, mon valet, nous entretenant de choses douces et sans intérêt, ces petits rien qui sont le sel de la vie. Nous nous enfoncerions mollement dans ce nouveau lit que nous aurions acheter ensemble après avoir arpentés comme deux âmes errantes au  bord de l'agonie, les allées étroites et bondées d'un Ikea-grotte. Nous nous mêlerions à ne faire plus qu'un, Amare papillonnant autour de nous, muet d'émotion. Et les choses iraient ainsi, pas pour très longtemps, jamais assez de toutes les manières.

                                  
                                                    Perturbateur, Reine aux pics ardents.

Costume provocateur, robe noire, tiare aux diamants scintillants. Les yeux noirs, les cheveux châtains. Elle n'entrerait par aucune porte connue, mais serait portée par un vent et pénétrerait plus insidieusement encore, n'étant qu'une idée, un horrible secret à porter. Et elle te conspuerait en mon esprit, étant d'autant plus nombreuse que jamais je ne la verrais. Elle trônerait sur son piédestal, fait  de douleurs et de regrets, humide des larmes qui depuis tant d'années coulent, l'irriguant sans cesse. Et elle ne parlerait jamais, muette par plaisir, bavarde des actions qu'elle insuffle. 

Amare se ferait plus discret, ne venant presque plus. N'apparaissant qu'à ces moments où, ne réfléchissant plus vraiment à ce qui sera, nous glisserions sur une flaque de nostalgie et retomberions dans un souvenir. Alors les choses auront la délicieuse chaleur de ce lit que nous avions acheté, son confort, les sillons de ses draps que nous connaissions, routards avertis sur une route parcourue mille fois. Et le temps d'une nuit, nous nous retrouverions, s'étant perdu au fil des scènes, victimes d'un fantôme. Mais cela n'a plus d'importance, le temps est compté, tous comme nos jours, nos vies, nos sourires. Les dialogues les plus incertains construisent ce que les monologues les plus réfléchis fissurent.
                  
                                                  Raisonneur Carré, monstre de logique.

Et à tout le reste, succéderait la raison. Les délires ne seraient plus que des mirages incertains, des reflets au loin. Nous aurions d'un coup grandi, enfants hier, aujourd'hui adultes. Et dans ce laps de temps qui n'aurait pas tout à fait durer une vie, nous nous serions raisonnés.
Raisonner à ne plus se comprendre. La logique aurait fait de nous des êtres à l'esprit éclairé des lumières absentes de nos cœurs. Et dans un sombre prisme où nous ne nous verrions plus, nous biaiserons ces visages sur lesquels, hier, nous aurions posé un baiser.

Et d'un coup, comme cela avait commencé, au détour d'un champ de bataille, en hiver, par -30, le rideau tomberait sur cette pièce en une neige au goût acre, simulacre d'un printemps japonais, cerisier en fleur pleureur.    






                                                                                                  sublimées.
                                               Amour, théâtre de deux vies jouées.
                                                                                                   huées.

jeudi 30 octobre 2014

Déferlante vague.

Elles, Implacables Ménades.

N'est-il pas délectable ce sentiment langoureux qui te prend au cœur ? N'est-ce pas ce que désespérément tu as recherché ?

Au seuil de la mort de mon être entier, tu n'as de paroles plus amères que celles dont tu me berce.  Et tant que se poursuis cette douce litanie de cet Autre, succombe ces derniers instants de toi en moi. À mon dernier passage sur la terre des vivants, avant que mon âme ne traverse ces lieux décharnés, je verrai de mes yeux fermés Orgueil et Cœur, striés des griffures de la Haine, maudissant celle que tu es.

Charon certain, n'accompagne pas celui qui de tes paroles se retrouve à tes pieds. Secoues cette barque vers des Enfers miséricordieux. La mort est une amante bien moins cruelle que toi. Sur un fleuve de déchéance je naviguerai, à l'aveugle, sans rien entendre, et sans dire mot, la bouche encore lourde d'argent tu, quand d'or seul je t'assourdissait.

Et ces silences dont je faisais mes plus beaux chants seront autant de funèbres sons à l'approche de ta perte.  Quand enfin éveillée de ce sommeil d'ignorance dans lequel tu t'es plongée, Belle au Bois dormant, piquée au fuseau des illusions tressées par des fileurs fourbes, tu périras, ton prince empalé sur les cornes d'un beau Minotaure imbu et narcisse. Fil d'Ariane tu n'as voulu suivre, à celui de tes souvenirs tu seras pendue.

" Tu penses donc qu'il m'a remarquée ? " Comment ne pourrait-il pas le faire ? Tu es ce que la création a su faire de mieux, et toutes les autres ne sont qu'insignifiantes à côté de toi. Tu parais, Lune sublime, en un ciel tien, quand les étoiles ne reflètent seulement que la lumière dont tu les baigne. Et toi Cléopâtre, te poser cette question indécente de savoir s'il t'as remarquée ?

" Je ne sais pas, je pense qu'il a dû le faire, il n'a pas pu te rater " Et ces paroles qui puisent en mon âme la force de se faire entendre par toi sont autant de force employée à creuser une tombe que tu me destine.



                    Vague à l'âme en mon âme vague quand vogue ton âme, drame des amours de tes amants lamentables.




samedi 25 octobre 2014

Absolu Amour.

Elles. Fulgurante ascension. Vertigineuse chute.


C'est d'une beauté empruntée aux dieux et damnée sur les cieux que descend vers moi celle dont il n'est question.

Quand tes pas foulent le sol, les miens en suivent les traces. Toujours derrière, je suis le réceptacle de ce ruban parfumé que tu laisses quand en un lieu tu parais. Il n'est lumière plus aveuglante que celle dont ton âme irradie. À cette idolâtrie, j'ai déjà payé le lourd tribut d'une vie entière dévouée. Il n'est plus de sacrifice dont je ferai l'économie.

        Peux-tu souffrir ma présence le temps d'une révolution ? Pour un cœur qui n'a de rythme que celui que tu insuffles, pourrais-tu être celle qui interromprait tout cela par une parole ?

                                             Questions rhétoriques d'un esprit onirique.

Maîtresse de mes vies, aucune de celles que tu m'as offerte ne s'est perdue. Retrouver encore et toujours ce qui faisait ta divinité a été mon seul but.

                                             Tu n'es dieu que pour moi,
                                                                                        quand je n'ai d'yeux que pour toi,


Sur terre, vanité plus orgueilleuse ne fut emprisonnée que dans le creux de tes hanches. Et tant que ta danse mortelle se poursuit, les cœurs continuent de tomber. J'ai adulé cette danse autant que mon esprit put le supporter avant de sombrer dans cette douce folie.

J'ai trahi, volé, menti, haï, corrompu autant d'âmes que le voulait ton adoration. Aucune de leurs larmes ne fut pour moi pitié, alors déjà emportée dans un sacrifice entier. Seuls tes sourires m'importaient.

Tu as battu, frappé, souillé, tué celle que tu étais, et à celle-là j'appartenais. J'ai compris ce que je ne voulais comprendre. Tu ne seras jamais mienne. Et à cela je m'abandonne. Tu es une Idée. Une simple Idée divine à laquelle je me raccroche. Tu es trop parfaite dorénavant et en cela tu ne l'es plus. Tu m'as précédée et me survivra.

Je n'aime plus en toi que mon amour.


                                         Devant ton absolu certain, tremble la frivolité du sentiment.
                                                             

                                           

lundi 20 octobre 2014

Lettre à l'Être.

Elles. Futiles réminiscences, Souvenirs irritants. 


                                                                                " Et je meurs! Jamais plus, jamais mes yeux grisés,
                                                                                  Mes regards dont c'était les frémissantes fêtes, 
                                                                                  Ne baiseront au vol les gestes que vous faites. " 

Ces yeux qui reflétaient le monde, ne pourront plus apercevoir ceux qui faisait le tien. Et dans ces derniers instants d'une vie désormais léguée à la marche inexorable du temps et des doutes, des remords et des regrets, tout me revient avec la vivacité d'un soubresaut amoureux, relique d'un passé qui pourtant fut mon présent et mon avenir. 

                                    
                                                  Des regards, des sourires, des ténèbres. 

Tout afflue en mon esprit embrumé. Cuisant échec, tribut d'une vie passée à tes côtés : le temps d'une existence a passé. Abandonné dans tes bras, le monde pouvait disparaître que j'en serai resté étranger. Perdre un monde dont on a cure, c'est immoler le futile à l'essentiel, le dérisoire au sublime, 

                                                  un amour contraint à l'absolu enfin. 


Chacun de ses gestes sont autant de notes écrites sur une partition dont mon cœur est l'instrument, et comme elle s'avance, mon cœur entonne une ode à la déesse. Je me souviens de tout et j'ai tout oublié. 
Oublié comment tes yeux brillaient à la lumière des paroles douces que filtraient une bouche qui toute entière t'était acquise. 
Perdu ces souvenirs où la soie de tes lèvres se tendaient en un sourire pour se fendre en un éclair, résonnant d'un rire à faire s'empourprer une piètre Vénus. 
Me souviendrais-je encore de toutes ces fois où mes yeux suivaient la danse de tes mains, allant de tes cheveux entrelacés d'or et d'étain, à ta délicate taille qui jadis fut façonné par mes mains ? 


                                                  J'ai fini par tout oublier.


Mon amour. Ne prends pas au sérieux ces phrases écrites d'une main crispée par la colère mais aveugle de désespoir. J'ai tout aimé et quelque part, dans mon vaste cœur, restera cette partie de ton âme que mon être a su élevé au dessus de tout et désormais prisonnière d'un donjon où mon amour éternel la place. Malgré moi, je n'ai rien oublié. Ni ton nez qui se retrousse un peu toutes les fois où je te faisait rire, ni tes oreilles qui rougissaient quand je te faisais la confidence de mon cœur battant à tout rompre à ta vue, ni tes mains cherchant les miennes à tout moment. 

Ainsi accordée au reste de l'univers, chaque étoile filante qui dans tes yeux passait, finissait sa course effrénée, essoufflée, sur le ciel de mon imagination. 

Ô que pour un regard j'aurais sacrifié ma vie, car enfin ayant contemplé  le bonheur, il n'est d'autre intérêt à ces yeux désormais inutiles. 

Nous nous sommes aimés,peut être trop d'ailleurs.Nous avions trop rêvés et nous nous sommes perdus au détour d'un songe. À vouloir s'assimiler l'autre, l'on finit par se perdre soi et à ne plus savoir à quoi s'attacher. 
Je t'ai perdue et après avoir cherché celle que tu n'étais plus, ma mémoire s'est rendue à l'évidence. 


               Quelque part entre mes souvenirs et ton devenir, les chemins ont changés. 

             

             Mon amour, souffre que je te laisse un soir. Tu quittes ainsi ta moitié, je laisse derrière moi mon âme entière. 

  . 





vendredi 17 octobre 2014

Victorieuse défaite.

Elles, en terres désormais conquises,
          à un souffle de la victoire, 
          sur le sentier de la gloire. 



Il n'est de victoire que celle qu'on arrache. Mais aux autres, celles qui nous ensevelissent sous les cendres d'un bonheur brûlé, le panache s'y trouve caché. Et il est dans tout ce qui est vain. Bataille plus héroïque est quand on sait ses efforts comptés et sa tête mise sous le fer. Alors la victoire n'étant plus une option, la gloire devient destin. Et à celui-la livrer son âme pour n'être dans l'au-delà non pas un lâche perdant mais un glorieux vaincu. 


Ainsi découvrir dans tout ce qui nous perd, le délicieux breuvage d'un courage enivrant. Gagner quand on pensait perdre, préférer le style à la stratégie, c'est être vainqueur flamboyant des lumières d'une scène qui prend les âmes comme public et l'acte final comme ultime danse. 


Je suis Général d'armée. Armée de cavaliers en rouge uniforme, d'espions en jaune drapée et de diplomates en blanc linge. Leur témérité n'a d'égal que leur orgueil et à deviser de vanité avec eux, vous tomberiez sur des géants orgueilleux. Toutes ces âmes maudites se sont avec moi perdues dans le sang et les tempêtes. 


À la conquête d'un territoire vaste nous étions partis, confinés dans un endroit reculé nous sommes. Et l'ennemi était seul. Dix. Cent. Mille. Plus que ne le fut l'Humanité. Et dans son attitude même, l'image humaine ne fut jamais projetée. Quel horrible ennemi que celui qui jamais n'a pitié. Ni des souffrances, ni des blessées qu'il emporte. Dans sa folie destructrice, il emporte tout, ne voyant autre chose que ce qui permettrait à sa vanité de mieux se porter. Et à mon orgueil sacrifié, j'ai donné ce qui restait de Panache. Dans cette ultime danse, j'aurais fait défiler mes favoris, ne retenant aucun, laissant libre cours à ce ballet endiablé. 


Les diplomates d'abord qui de leur doigté subtil jauge, examine, laisse paraître, sous couvert d'un secret murmuré d'une bouche affligée de trahison ce qui est chose évidente. Missives après missives, sagacité et charme furent dispensés, avec prodigalité. Puisant et usant de tous les délicieux moyens avant de basculer dans l'âpreté d'une bataille acharnée. 


Les missives finissent par ne plus revenir. Silence.


                                                                           Éclair. 


En jaune drapées arrivés. Souffle indistinct dans une foule de questions. Soleils insensibles dans un brouillard clair. Toujours muets, insondables bavards, ne parlant qu'à mots soufflés d'un cœur lourd de révélations. 


                                Le silence s'alourdit et leurs bouches se détendent. La parole approche.

Et toujours dans ce même deuil illuminé, leurs paroles sont autant de pas vers un tombeau à venir.

Le sang monte au cerveau, et je ne sais ce qui palpite le plus, cœur ou colère. Les derniers pas sont à portée de linceul. La victoire est maintenant souvenir, le panache sera postérité.

                                             Cavaliers, sellez vos cœurs et débridez votre courage.
                                             Accrochez vous à l'un et de l'autre faites force usage.

Les voilà partis, gesticulants, hurlants, hilares, drôles, n'usant de courage qu'autant qu'ils ont de cœur. pour faire taire cet ennemi de son ignoble ignorance, susurrant silence.


                                           Fini la diplomatie, fini l'espionnage, fini la cavalerie.
                                           Infâmes tourments et regrets, vérités amères, déroute.



Ceci sont donc mes dernières paroles, derniers témoignages d'une guerre désormais perdue.


    Je n'ai plus ton numéro, tu as gagné. Je te laisse en marge de la plus belle histoire de ta vie.


                            

                                        Ne te lasses-tu pas de fuir ce qui à ton cœur fut scellé ?  
                                           



mercredi 15 octobre 2014

Scents.

Elles. Sur le périph, à 120.


Mon pied se fait lourd. Il n'y a plus vraiment de retour en arrière. Je les sens derrière moi plus que je ne les entend. Ils ont peur eux aussi. Je suffoque. " Oh volupté déroutante, je voudrais pourtant demeurer lucide ". Lucide dans un univers qui depuis longtemps n'a plus d'air que celui, vicié, de la folie. 

 Plus d'odeur de sainteté nulle part. Juste des relents.

                                                                                                                                                                                   Et c'est pourtant enchaîné à ce mur d'infamies que nos deux âmes se sont rencontrés. Je m'imaginais geôlier terrifiant, tu étais ma prisonnière innocente. Et c'est dans ce marasme que nos corps se sont frôlés. Venu torturant, je repars torturé. Torturé par cette hymne que ton parfum a dans mon cœur inscrite. Il n'est plus de repos maintenant. [Agoraphobe] Cette fragrance résonne encore et encore, dansant devant mes yeux, chaud baiser en mon cœur troublé. Vous étiez toutes là, dans cette prison d'acier, toutes à me regarder. Sans vraiment le faire. Et tous ces yeux absent braqués sur moi m'étouffaient. Vous étiez trop, trop nombreuses, pullulantes, insoumises. J'étais seul, terrifié, vivant. Les portes s'ouvrent, se referment, vous êtes toujours là. Plus particulièrement toi. À mon entrée, je ne te voyais, maintenant, je ne perçois rien d'autre. Que tes boucles, tes cils et cet océan calme en dessous. 

Plus de chaos. Juste ce parfum. Paradis. 

Tu me quittes pourtant, mes yeux se ferment. Les prisonniers se serrent, je ne passerais pas avec toi. 

                                                                 Blanche

C'est à cette station que nos cœurs se séparent définitivement. J'emporte un peu de toi, tu emportes ce qui reste de moi. Maintenant sur ce périph, à 120, les flics aux trousses, il ne me reste plus en tête qu'un tourbillon. Je vais mourir. 

Folie, seule odeur de sainteté.  


                                                  Son parfum, encens funéraire à qui ne la connaît. 








lundi 13 octobre 2014

Bleed, baby, Bleed.

Elles, 00h02, toujours Elles. 


Les visions ne changent pas. Toujours furtives, fugaces, éphémères, rapides, éthérées. 


                                                  Mais tellement vivantes, 
                                                                                           enivrantes, 
                                                                                                               déroutantes,
                                                  Charmantes enfin, à tout dire.  


Je te revois encore, comme tu t'éloignais de moi. Heureuse. Comblée. Mourante. 
           
                                                            Car je t'ai empoisonnée. 

Oui, dans tes fines veines qui courent, grimpantes, sur tes bras, finissant sur tes si adorables mains, coule un sang souillé. Folie et mort t'attendent. Tu t'en vas, Roméo suspendu au fil de son destin. Je suis Juliette Parque, ciseaux à la main, patiente, et mon heure arrive. Doucement, délicatement, serpentant sinueusement sur un chemin de plaisir. 

              " Viendra ce moment de vertige enivré où [nos] bouches iront l'une vers l'autre " et la mienne y trouvera un plaisir certain, un irradiant bonheur. Au crépuscule de ton âme, plus faible que jamais, je serai, moi, au firmament de mon ego, vertigineux édifice construit à même ta perte. 

Mais pour l'instant, marche. Rêve. Laisse cet esprit sonder, sans jamais approcher, les limites de sa rêverie. Parcours cette ville presque endormie, perds toi dans ses ruelles étroites et ses autres plus larges. Et quand tes yeux s'émerveillent de ce renouveau, les miens ne voient plus que ce sang qui continue à te pénétrer plus loin encore. Et ta tête tourne. Toutes ces lumières, toutes ces petites étoiles qui constellent un ciel que tu ne cesse de contempler, les yeux perdus, n'ont de cesse que de te mettre en garde. Mais tu ne vois rien. Et mon âme qui continue son inexorable conquête. Effervescent mélange qui prend ton cœur comme seul astre. Je t'inonde de cet âcre goût, et tu prends plaisir à cette marche nocturne. 

Tu passes la double porte de ton immeuble, et mon souffle passe la porte unique de ton cœur. 

Tu ne sens vraiment plus tes pieds. 
Ni tes battements. 
Ou bien ton cœur n'arrête-t-il pas de battre ? S'est-il emballé à ma pensée ? 

                                                                 Tu commences à comprendre. 

Et là, tout te revient. Mes mains sur tes yeux, mes murmures, mes paroles. Ce verre en trop que tu as pris. Ce moment passé à parler.. 
                Mais il est trop tard. 
                                                 Tu ne peux plus rien faire. 
                                                                                             Roméo, tu m'aimes pour l'éternité. 

                                                             
                                                          

                      Se taire quand tout en soi crie, c'est mourir quand tout pousse à vivre. 
                                                                          
                                              

dimanche 12 octobre 2014

Elles. Mais cette fois, c'est toi.

Elles. Mais cette fois, c'est toi.

Elles. Toujours à parler entre elles. De choses et d'autres. De leurs dernières conquêtes. De leurs derniers amours. De ceux qu'elles aiment en ce moment. De ce qui leurs dit. De ce qu'il oublie. Des pensées auxquels elles se livrent quand la nuit les a entières enveloppées. Ces mots d'amour, ces mots chuchotés, ces secrets qui coulent au creux de leurs oreilles.

En voilà une justement. Une à qui l'on a murmuré des secrets. Un sourire qui se balade sur le visage, des lèvres qui s'étirent. Des lèvres roses, avec un rouge à lèvres un peu plus foncé. Parce qu'il lui avait dit qu'il lui allait bien, qu'il la rendait encore plus belle qu'elle ne l'était déjà.

                                               Mais pourrait-on vraiment faire plus belle qu'Elle ?

Elle descend les escaliers sans se retourner. Elle a le pas sûr dans ses talons beige. Nos regards ne se croisent pas. Il ne le faudrait pas : supporterait-Elle que je la dévore du regard ?
Je ne pense pas. Épier. Épier est mon plaisir. Non par perversité. Mais parce qu'Elle ne supporterait pas l'intensité d'un regard qui la connaît par cœur depuis 3 ans. Chacun de ses traits sont autant de route que mon esprit à déjà parcouru depuis ces années. De long en large, y creusant un sillon d'amour. J'ai vécu dans ses yeux, mais sans qu'Elle le sache. Pendant des heures, je me suis baigné dans ce vert d'eau que ne vient troubler que des larmes de rires. Parfois c'est juste le froid qui m'en déloge, quand Elle les ferme pour se protéger du vent. Mais invariablement, j'y reviens. Jamais je ne les quitte vraiment. De cette fine bande verte, mes pas ne sont jamais très loin. Et je m'étends là, comptant les étoiles, réfléchissant à des chimères d'amour.

Parfois, quand l'eau s'y fait un peu trop froide, je descends, et caresse la soie de ses lèvres. J'y passe mes doigts et murmure à quel point je l'aime. Ils poursuivent leur incursion et ses dents me mordent tendrement. Je croise sa langue de feu qui me brûle un instant et me retire. Mon esprit poursuit son inexorable descente. Je finis par me blottir contre son cœur et là, nous respirons à l'unisson.

Aucun faux pas, aucune fausse mesure. Nos coeurs ne font plus qu'un. Elle pour moi et moi pour Elle.

Tout le reste n'importe que très peu.

Je lui murmure encore que je l'aime. Que jamais la vie n'a su faire aussi belle chose, qu'en tout point, elle s'est surpassée et qu'en un millénaire, on ne sut faire qu'Elle. Beauté impénétrable dont je suis seul dépositaire. Dans mon seul regard Elle pourrait comprendre ce qu'Elle est réellement. 

                                                 L'Etoile qui s'étire dans le cœur des hommes.