dimanche 23 novembre 2014

Souvenir, prisme hanté.

Elles, bourreaux maladroits.


2 887 200 minutes d'enfermement. 48 120 heures de torture. 2005 jours anéantis.


Nous soufflerions une quelconque cinquième bougie aujourd'hui, mais aucun soupir ne viendra jamais faire vaciller cette frêle flamme, étouffée avant même de naître des brasiers ardents de nos vies, désormais cendres. À une passion dévorante je me suis hasardé quand à dévorer ma patience tu t'es obstinée et notre destin fut celui de savoir qui du bourreau ou du martyr survivrait.

Il est de ces quêtes qui forment les êtres et de ces êtres qui guettent les monstres. Des monstres qui peuplent les cœurs et de ces cœurs corrompus. À des translucides spectres, ombres de leurs existences, elles s'immolent et se souillent de leur sang : Amer liquide à la douce couleur. À des chaînes trempées en pareil mélange tu fus attachée et dans un dédale souterrain ou nulle clairvoyante lumière ne filtre jamais, tu fus enfouie. Je me suis aventuré à tuer celui qui t'avait ravie à la chaleur du monde et j'ai erré dans ce labyrinthe à seule fin de te reconquérir. À affronter Hadès, ravisseur d'une Eurydice consentante, j'étais prêt. J'ai traqué des ombres et marché à la suite de pas fantômes, fouillé des coffres et pris des chemins décharnés. Mais au bout de mes douleurs et de mes discours, de mes palabres et de ta déraison, la vérité suinte de mes blessures béantes : Ce n'est plus dans la noirceur d'un cachot souterrain que ton âme demeure, prostrée, mais plutôt hypnotisée par la lumière aveugle d'un Lucifer déchu depuis longtemps, à qui ta passion soumise a sacrifié ta raison muette. 


Eurydice, mon aimée, fuis cet enfer où tu t'es scellée, ton absence a fait s'éteindre le seul soleil qui jamais ne s'est levé dans mon ciel. Ce fantôme que de ta passion doucereuse tu poursuis n'est plus depuis longtemps. Tout ce que ton esprit entrevois n'est plus qu'une lumière sépulcrale qui baigne le prisme de tes souvenirs. Déleste donc ce lieu où ton amour péris et à tout le reste, laisse toi doucement aller. Quitte cet ancien corps botté du marbre de la mort et meut seulement par une roideur mortelle qui de l'oubli s'est déjà fait une amante aimante, pour ce qui tremble sans équivoque près de toi.  De ces abysses profondes où ton passé m'a terrassé, survit encore mon amour insatiable.  



                                       Sur tes souvenirs passés, se découpe la lumière de notre avenir.                                


                       


                             . 

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